Vers une définition opérationnelle de plateforme contributive culturelle

Nous avons présenté les résultats préliminaires du projet ANR COLLABORA au colloque « Plateformes numériques et patrimoines : quels apports pour la recherche et la médiation ? », organisé à Liège le 28-29 novembre 2019, par l’Université de Liège et l’Université de Lille en partenariat avec le Trésor de la cathédrale de Liège dans le cadre du projet e.thesaurus.

Résumé

Ces dernières années, le développement des technologies numériques a donné un nouvel essor à la figure de l’amateur. Le web, d’abord avec les blogs et ensuite avec les réseaux sociaux et les plateformes collaboratives, a offert de nouveaux espaces dans lesquels le pro-amateur peut trouver un terrain ouvert et démocratique où il peut s’exprimer et obtenir une reconnaissance aux côtés de l’expert officiellement chargé de la construction de la connaissance. Ce phénomène a touché particulièrement le domaine de la culture. Face à cette nouvelle donne, les institutions culturelles ont porté un intérêt croissant à la création de démarches participatives et au rôle qu’y pourrait jouer le numérique dans leurs activités de médiation et valorisation. La préoccupation des institutions culturelles est, non seulement de mieux comprendre ces phénomènes de construction participative de savoirs, mais surtout d’orienter l’énergie et l’enthousiasme des amateurs vers l’enceinte des musées, archives, bibliothèques, théâtres, etc. Les plateformes contributives culturelles se sont affirmées comme une réponse à ce besoin. Avec le terme « plateformes contributives culturelles », nous nous référons à tout dispositif numérique qui permet à des amateurs, ou plus généralement à des citoyens, de contribuer à la construction de savoirs liés à des objets culturels en interaction avec une ou plusieurs institutions culturelles (archives, bibliothèques, musées, théâtres ou directement une administration centrale comme le ministère de la Culture).

Même si un certain nombre de plateformes contributives culturelles ont été lancées pour inviter les amateurs à participer à la « construction de la Culture », la recherche académique sur ce sujet n’est pas encore suffisamment développée pour pouvoir assister le monde associatif et institutionnel de la culture dans cette ouverture vers le citoyen. Cette communication vise à présenter les premiers résultats du projet ANR COLLABORA (2019-2022) qui étudie ce type de plateforme pour en faciliter la conception et la gestion conjointe entre institution et amateur. En particulier, la communication vise à proposer une définition opérationnelle de ce type de plateforme à partir de l’analyse de l’état de lieux des plateformes existantes. L’attention sera portée principalement aux projets numériques qui génèrent des dynamiques de co-construction de savoir autour d’objets culturels et qui visent à faire interagir professionnel et citoyen dans la réalisation de cette tâche. L’étude a identifié 80 projets qui ont été analysés sous trois aspects : (i) le projet institutionnel (porteur, financement, objet, etc.) ; (ii) le contributeur (public visé, conditions de contribution, caractéristiques du profil utilisateur, etc.) ; (iii) les données (type de données récoltées/produites, statut des données, tâche réalisée, etc.) ; (iv) interface (modalité d’accès, rapport avec d’autres espaces numériques, etc.).Au travers de l’analyse de ces cas, il sera possible d’identifier des tendances générales, de décrire de bonnes pratiques et de proposer des recommandations de développement futur.