Conçu comme un laboratoire vivant de co-création, le TURFU Festival a eu lieu du 14 au 20 octobre 2019 au sein de la ville de Caen avec le but de promouvoir une approche collaborative à la recherche et à l’innovation. En partenariat avec le projet Particip-Arc, le Festival a proposé un Atelier de recherche culturelle participative reparti sur deux jours. La première journée était consacrée au recueil des idées de volontaires citoyens précédent la deuxième journée durant laquelle des professionnels et des chercheurs ont répondu présents. L’équipe de l’ANR COLLABORA a participé aux travaux de deux journées.
L’atelier pour les citoyens
La première étape de l’Atelier « Culture et recherche participative : En 2030, la démocratie participative sera culturelle ? » s’est déroulée pendant l’après-midi du 15 octobre. Une quarantaine de volontaires citoyens se sont réunis dans les salles du Pavillon de Caen participant à l’expérimentation des nouveaux modes de production de connaissance. L’intervenant Erwan Dagorne du cabinet Missions Publiques a animé la séance, à l’aide d’un groupe d’étudiants de Sciences Po Rennes faisant office de modérateurs des discussions.
Les profils des volontaires citoyens comprenaient des journalistes, des adultes et une grande majorité d’étudiants dans les différents domaines des arts et des politiques culturelles et notamment du Master Concertation de Sciences Po Rennes (1/4 de l’échantillon). La quasi-totalité des participants était de provenance locale, venant de la ville de Caen. Une partie de l’équipe de l’ANR COLLABORA était également présente avec l’objectif de réaliser une observation participante.
Disposés par groupes sur quatre tables différentes, les participants ont été guidés à la discussion par quatre exercices successifs : l’association à des images de sentiments individuels de confiance, de méfiance ou d’espoir concernant le panorama culturel d’aujourd’hui a préparé le terrain pour un effort de projection dans une utopie culturelle du futur – « Imaginez qu’en 2035 vos pratiques culturelles vous apportent beaucoup plus qu’aujourd’hui » -, effort individuel d’abord et collectif ensuite, résultant de deux heures de discussions modérées au sein de chaque groupe. Ces visions d’un avenir désiré dans le domaine de la culture ont été, finalement, décrites et partagées avec l’ensemble des participants donnant vie à une dernière phase de réflexions.
Les visions de groupe résultant de ces exercices étaient essentiellement homogènes et génériques, au delà des quelques exemples pratiques. L’accent a été mis, par la plupart, sur des demandes d’accessibilité majeure à la culture, de gratuité, de décentralisation, d’inclusivité majeure, sur des tendances technophobes souhaitant la déconnexion, le retour à la Nature, une pénétration majeure de la Nature dans la Culture et dans la vie quotidienne, pour aboutir au développement des dimensions collectives et communicatives.
L’atelier pour les professionnels
La deuxième journée était dédiée au monde profesionnel. Les acteurs présents à l’atelier venaient de différentes institutions et secteurs d’activités : Ministère de la Culture, Universcience, des chercheurs issus du monde scientifique, des institutions culturelles locales, des représentants de la DRAC, etc.
La matinée était destinée à mettre en perspective les besoins en commun exprimés dans les visions évoquées lors de la première journée. Pour ce qui est de l’après-midi, il s’agissait de définir un programme de recherche en lien avec les visions des citoyens, et de réfléchir aux différents besoins manquant aujourd’hui en lien avec ces visions du futur dans le secteur culturel. Des interrogations ont pu émerger : quelles recherches peuvent être mises en œuvre pour répondre à ces besoins ? Des questions de démocratisation culturelle, d’accessibilité, de genre, de confiance avec les publics de la culture ont été avancées.
L’atelier s’est terminé sur l’exposé des différents enjeux et manques en lien avec les visions des participants de la journée précédente et en proposant des projets et des programmes qui n’existaient pas. L’angle des présentations mettait en perspective les questions suivantes : Comment répondre à aux manques issus des concertations de volontaires ? Quelles propositions peuvent être faites en termes de programmes culturels et d’innovation ? Comment transmettre et décentraliser la culture avec des micro-programmes ? Des pistes d’expérimentations ont été proposées en fin d’atelier avec des propositions de projets comme le développement de grandes enquêtes sur des longues périodes pour connaître l’efficacité des politiques culturelles, de plateformes de partage et de diffusion de la connaissance à destination des citoyens et de nouveaux espaces dédiés à la culture.
Irene De Togni et Benjamin Lorre